Würzburg 2023: Sermon vêpres

Marco Gnavi

Chers amis,

C'est avec une grande joie que nous nous sommes réunis ce soir. C'est l'occasion de rendre grâce au Seigneur ressuscité pour la fraternité qui nous unit et d'écouter ensemble la Parole de Dieu, en étendant notre étreinte aux pauvres que le Seigneur nous a donnés comme frères et soeurs.

Beaucoup d'entre vous sont aux frontières de la prison : je dirais que la Communauté de Sant'Egidio, en nous proposant de prier avec la croix, nous ouvre la perspective avec laquelle nous pouvons également envisager notre service aux femmes et aux hommes qui sont emprisonnés, non seulement en Allemagne, mais aussi en Europe et dans le monde entier. La croix, avec son fardeau de souffrance et d'amour blessé, est entrelacée avec les Béatitudes, parce qu'il n'y a pas de condition humaine qui ne puisse être illuminée par l'Évangile. Et il n'y a pas d'humanité blessée par le mal et la solitude qui ne puisse être libérée, qui ne puisse renaître : ce sont précisément ces hommes et ces femmes qui nous demandent d'être leurs compagnons, tandis que le Seigneur, bien avant nous, est proche d'eux. Pour eux et pour nous, le Christ a souffert la Passion, a été crucifié et nous a été rendu, vivant, avec les marques des clous et de la lance. Jésus a vécu un amour éprouvé par la solitude, la trahison, l'abandon, la mort, montrant la limite de la loi quand elle n'est pas au service de l'homme et l'ambiguïté d'un jugement sommaire sur la base d'une conviction religieuse. Condamné comme innocent, il a rendu l'innocence à un homme pendu avec lui au gibet. Il a fait du dernier le premier et du dernier le premier.

Et avec l'autorité de l'offrande de sa vie, pour les justes et les injustes, pour nous tous, pécheurs, il nous demande un sursaut de conscience, une pensée nouvelle, pour nous mettre en route ensemble vers la plus grande promesse : celle de la Jérusalem céleste. Nous devons cependant vivre une justice plus élevée que celle des scribes et des pharisiens. Ne nous trompons pas : les scribes et les interprètes de la Loi étaient aussi meilleurs que nous, mais Jésus demande à ses auditeurs de vivre "sa justice", plus radicale que la nôtre, parce qu'elle est plus audacieuse. Nous sommes donc tous à l'école de l'Évangile qui ne cesse de nous étonner et de bouleverser nos critères. Non seulement "ne tue pas", mais ne dis pas "idiot", ne dis pas "fou" à ton frère. La stigmatisation qui marque la vie de tant de personnes les prive de la dignité que le Seigneur Jésus a reconnue et leur a restituée.

Le Royaume de Dieu ne commence pas avec les bien- portants, mais avec les malades. Jésus aimait s'asseoir à table avec les publicains et les pécheurs. Il ne craint pas l'impureté. Il craint plutôt que ses contemporains et nous-mêmes ne comprenions pas pleinement la volonté salvatrice de Dieu. En fait, il semble suggérer que pour le rencontrer, nous devons nous approcher de ceux que personne d'autre n'approche. Dans l'Évangile de Matthieu, Jésus s'identifie pleinement à l'emprisonné, au nu, à l'affamé, à l'assoiffé.

Le Royaume de Dieu ne commence pas avec les bien-portants, mais avec les malades. Jésus aimait s'asseoir à table avec les publicains et les pécheurs. Il ne craint pas l'impureté. Il craint plutôt que ses contemporains et nous-mêmes ne comprenions pas pleinement la volonté salvatrice de Dieu. En fait, il semble suggérer que pour le rencontrer, nous devons nous approcher de ceux que personne d'autre n'approche. Dans l'Évangile de Matthieu, Jésus s'identifie pleinement à l'emprisonné, au nu, à l'affamé, à l'assoiffé.

Ainsi, nous devons l'avouer, nous avons un privilège : celui d'être conduits à lui, et avec lui d'apprendre à nous désarmer des jugements, à nous éloigner. Rien ne nous met à l'abri des difficultés de la vie, si ce n'est la miséricorde. Dieu est miséricorde pour nous aussi. Nous ne voulons pas nous trouver éloignés de cette miséricorde. Saisissons toutes les occasions. La Parole de Dieu nous rendra intelligents et audacieux. La communion entre nous sera renforcée par l'Esprit Saint et nous rendra créatifs et plus forts que le mal. Avec la puissance de Pâques, un ange a roulé la lourde pierre du tombeau qui fermait la tombe de Jésus. Par la force de Pâques, nous qui avons été libérés de la solitude et du péché, nous libérons ceux qui souffrent le plus de l'absence d'avenir, sachant que beaucoup de ces frères et soeurs nous dépasseront dans le Royaume de Dieu. Tout est possible, car le Christ est ressuscité, vraiment ressuscité. Amen.